Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
SAINTE-ASSISE

d’une chose, monsieur, c’est que je ne sais pas me battre…

» — Et vous ayez tort ; le chevalier de La Morlière vous tuera.

» — Vous croyez ?

» — Il a des chances.

» — Moi, j’ai du courage.

» — Ce n’est pas assez ; mais c’est ce qui lui manque. Quand vous battez-vous ?

» — Demain, à sept heures.

» — Écoutez. Prenez-moi demain soir, à onze heures, au café des Arts : c’est là que se tient La Morlière… Je me charge du reste…

» — Je ne puis comprendre…

» — Faites ce que je vous dis, et surtout ne vous étonnez de rien. »

— Là-dessus nous nous quittons en nous donnant une poignée de main, et il m’attend…

— Ainsi ce n’est pas vous que menace ce duel ? tant mieux. Mais qu’allez-vous faire ?

— Je vous le dirai demain.

— Vous me promettez de ne pas vous battre ?

— Je vous le promets ; mais je ne laisserai pas tuer ce petit jeune homme par ce grand échalas de La Morlière. C’est le neveu de Mme  Bertholet, une femme presque aussi bonne musicienne que vous.

— Et plus jolie que moi, je le crains.

— Vous vous calomniez, chère marquise…

— Vous avez là un couteau de chasse du meilleur goût.

— Vous, marquise, une robe garnie de plumes et