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L’HEIDUQUE

à la Rose, vous savez bien, monsieur le chevalier, c’était là que couchait Mme la marquise…

— Je n’ai appris cela qu’à Bordeaux, l’incendie, le meurtre de Finette… Le coupable est-il vraiment cet Espagnol qui s’est échappé de la prison de Saint-Marc ?

— Mais on le dit du moins, monsieur le chevalier. Allez, si le scélérat nous a échappé, ça n’a pas été faute de recherches, nous avons assez couru le pays, moi et M. Printemps, que la marquise a licencié aussi.

— Pourquoi ?

— Parce que M. le prince de Rohan lui avait proposé un voyage en Angleterre !… La Rose l’ennuyait, monsieur le chevalier ; la Rose, un paradis terrestre, un lieu de délices ! Elle voulait voir les buveurs de bière et les boxeurs ! Quel goût dépravé chez une femme noble ! pouah ! C’était pitié que de voir notre départ, à ce bon M. Printemps et à moi. Nous nous tenions serrés l’un contre l’autre, accolés comme la fourchette et le couteau. M. Printemps avait bien souffert du coup de cette mort de Mlle Finette, Finette qui vous aimait tant, monsieur le chevalier !

Les sanglots de Platon l’empêchèrent de continuer, il soupira quelques secondes et reprit :

— Vous vous souvenez sans doute que la mort violente de mon perroquet m’avait fait prendre en horreur cette marquise ; elle en a fait de belles depuis ce temps-là !