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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

cette nuit sur mon balcon des ringraves, des collets montés, des vertugadins et des bourgeois de Louis XIII !…

La marquise vous a depuis peu, je crois, donné des maîtres ?

— Sûrement ; mais ce sont encore des naturels de ce quartier, des gens de l’Isle que je déteste à la mort ! Il n’y en a qu’un de supportable, M. Abeille, mon maître à danser, le plus drôle de corps ! oh ! il sait Paris sur le bout du doigt ! L’heureux homme ! lui, du moins, il va à la cour !

— Cette existence vous pèse, chère Agathe ; vous l’avouerai-je, moi, ajouta Maurice en la regardant avec tendresse, elle me rassure.

— Que voulez-vous dire, ne suis-je donc pas à plaindre ?

— À plaindre, chère Agathe ! parce que vous ne pouvez aller au Palais-Royal ! Vous ne savez pas, vous ne pouvez savoir de quels dangers vous y seriez entourée ; vous si belle, si jeune ; vous que je suis prêt à demander demain pour femme si vous le voulez !

— Mais vous ne savez pas non plus, vous, monsieur, dit-elle en croisant ses bras d’un air sérieux devant Maurice ce que c’est que d’être reléguée au quai d’Anjou, de se pencher vers la Seine tous les matins pour voir son éternel miroir ! J’ai tout ce qu’il me faut dans cette maison, je le sais ; mais enfin je ne suis pas venue de Saint-Malo pour ne voir ni Paris ni ma cousine ! Quand j’étais petite fille, ma cousine me souriait en m’appelant son Agathe ! Au-