La jeunesse de M. le duc de Chartres, son fils, pour être recouverte d’un vernis plus élégant, annonçait un amour si effréné de tous les vices qu’on ne crut mieux faire que de le marier à vingt-deux ans à la fille du religieux duc de Penthièvre[1]. Le spectacle indécent que donna le duc de Chartres en cette cérémonie eût pu faire déjà présager sûrement de son avenir.
Au moment même de la bénédiction nuptiale, il trouva plaisant, on le sait, de sauter par-dessus la queue de robe de la mariée, pour se placer de l’autre côté de l’autel, ce qui indigna jusques aux vieux courtisans, qui se souvenaient pourtant de la régence. Le premier soin du duc d’Orléans, son vertueux père, avait été de lui donner une maîtresse[2] qu’il
- ↑ Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon.
- ↑ Ce fut Mlle Duthé que le duc d’Orléans donna ainsi de sa
propre main au duc de Chartres. Comme on reprochera peut-être
à l’auteur de ce livre l’hostilité que respirent certains
portraits de la famille d’Orléans, il croit ne pouvoir mieux faire
que de citer les propres paroles de la gouvernante du duc de
Chartres, Mme de Genlis :
« Lorsque l’éducation du jeune prince fut terminée, le premier soin paternel de M. le duc d’Orléans fut de lui donner
mission d’ôter son col. Il se met à l’aise, déboulonne son habit, souffle, respire avec tant de bonhomie, d’une manière et avec une figure qui paraissaient si plaisantes à ma tante, qu’elle fait un éclat de rire immodéré en l’appelant gros père, et ce fut, dit M. le duc d’Orléans, avec une telle gaîté et une telle gentillesse qu’elle lui gagna le cœur, et il en devint amoureux. Ce trait-là n’est pas du siècle de Louis XIV ; mais le goût n’avait déjà plus la même noblesse et la même élégance.