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LE PALAIS-ROYAL

M. le chevalier de Tymbrune, oncle et curateur du vicomte de Valence. Ce qui le rendit un homme indispensable jusqu’à la fin de ses jours, c’est qu’il s’évertua par la suite à répandre, avec une complaisance exemplaire, dans tous les cercles, le Théâtre des jeunes personnes, de Mme de Genlis.

Le premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, M. de Durfort, avait la double manie des testamens et des tulipes. Il achetait des tulipes et faisait son testament trois fois par semaine. C’est lui qui joua du reste au marchand de chevaux Septenville, personnage ridiculement engoué de sa fortune, la plaisanterie du neveu du roi de Maroc.

Ce neveu était venu à Paris en qualité d’ambassadeur de M. son oncle. M. de Durfort, à qui il avait fait payer des chevaux le triple de leur valeur, profita de cette occasion pour persuader à Septenville qu’il devait inviter le prince marocain. Voilà Septenville en mouvement : il bouleverse sa maison de campagne, maison fort belle, située à Ville-d’Avray, pour recevoir le neveu du roi de Maroc. Il commande un feu à Torré ; il invite les violons de l’Opéra et surtout les jolies femmes. M. de Durfort, qui savait par cœur les Précieuses, n’en voulait plus. Un sien valet, du nom de La Trompe, fut déguisé en prince marocain ; il arriva, accompagné de toute sa cour, à la grille de Septenville. Le marchand de chevaux ne se possédait pas de joie. Il n’osait point s’asseoir, et la serviette sous le bras, il se tenait derrière le fauteuil de l’ambassadeur. La comédie finit par le bâton, comme celle de Mascarille ; La Trompe en fut quitte pour