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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

basques galonnées et brodées ; c’était un gros buveur très-ami de M. Collé, il s’appelait Chamoran.

Madame de Montesson occupait le fond de la voiture avec Mme de Blot ; sur le devant étaient MM. de Valence, de Brancas et de Saint-Georges, tous la tête nue.

Il ne faut pas oublier un carlin à grelots d’or, nommé Tircis, très-surveillé sur le strapontin de gauche par Mme de Montesson, depuis un certain naufrage qu’il avait fait dans un des bassins de Saint-Assise…

Sur le strapontin qui se lève à droite, il y a également une forme indécise, oblongue, qui se tient collée contre la glace du carrosse, c’est M. Nollot, le maître de harpe de Mme la marquise.

Les candélabres à trois branches soulevés par les laquais éclairent tout ce monde doré à la descente du carrosse… Tircis pousse un cri, M. Nollot lui a marché, sur la patte ; c’est le troisième méfait du pauvre maître de harpe, qui, pendant les courses, a commis déjà deux erreurs, celle de parler beaucoup trop des livres de Mme de Genlis, et pas assez des peintures à l’huile de Mme de Montesson.

On traverse la galerie, dans laquelle il n’y a rien d’inusité ce jour-là ; elle est plus riche en tableaux que ne le sera jamais celle de. M. de Calonne. Les femmes comme les hommes se ressentent des fatigues de la course ; tout ce que cinq ou six heures de toilette peuvent laisser d’ennui sur le visage pèse sur cette compagnie. Les croisées donnant sur le jardin sont ouvertes ; autant il y a de silence dans cette vaste