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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

Chartres, pendant que les plus flatteurs escortaient Maurice, qui descendait du théâtre.

— Jouer cet air avec mon fouet, monseigneur, si toutefois le duc d’Orléans me le permet.

Une acclamation unanime d’étonnement courût sur chaque banc de la galerie.

Le fouet de Saint-Georges, qui venait de lui être apporte par Joseph Platon, était vraiment curieux. Le manche se composait d’une infinité de pierres précieuses, le chevalier prétendait que chaque étoile de cette radieuse constellation représentait une femme qui l’avait aimé…

Cela était peut-être un peu trop avantageux ; mais ce qui le parut davantage aux spectateurs, c’est que Saint-Georges osât s’avancer au point de dire qu’il jouerait l’air de Corelli avec ce fouet…

Les dernières notes de Maurice vibraient encore quand il déploya ce fouet et exécuta l’air avec une singulière précision.

— Bravo ! Saint-Georges, bravo ! s’écrièrent les spectateurs.

Et la galerie entière se leva comme un seul homme, chacun battit des mains à cette incroyable adresse… Maurice s’était penché à l’oreille de Mme de Langey ; il échangeait avec elle de rapides paroles.

En ce moment, et par contenance, le mulâtre avait baissé les yeux ; il regardait attentivement le rubis d’Agathe, qui jetait un vif éclat. Alors aussi, les lois de l’étiquette étant violées par cette admiration universelle dont Saint-Georges était l’objet, tout le