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LE FOUET.

lui obtenir un régiment. On ne saurait trop presser ce mariage, ajouta Mme de Montesson ; il faut donner un éclatant démenti à ces bruits de captivité répandus sur Mlle de La Haye. Moi-même, bonne amie, je prétends la présenter à M. le duc d’Orléans comme ma cousine et la femme de M. Maurice de Langey !……

La marquise de Langey n’attribua la chaleur de ces promesses inattendues qu’au plaisir que devait éprouver Mme de Montesson de voir marier sa cousine. Mlle de La Haye n’était-elle point l’objet de ses alarmes jalouses ? Son apparition au Palais-Royal ne serait plus un danger ; dût-elle attirer les regards du duc d’Orléans, elle aurait son mari pour protecteur. Ainsi pensa Mme de Langey ; mais elle fut dupe : elle ignorait que ce n’était plus le duc d’Orléans qui inquiétait la marquise de Montesson, mais Saint-Georges !

Le caractère connu du chevalier, plus encore que la scène du souper, avait éclairé la jalousie de la marquise ; elle avait compris que cette étincelle pouvait devenir un volcan.

Agathe de La Haye était jeune et belle ; Mme de Montesson commençait à s’apercevoir des ravages terribles qu’imprime le temps aux plus charmantes natures.

Cependant tout l’ensemble de sa personne offrait encore en ce moment même une charmante illusion d’optique sur ce théâtre, où elle s’avançait en souveraine. Elle jeta un coup d’œil furtif vers le coin du duc de Chartres et parut piquée de ce que Saint-Georges ne la regardait pas.

Elle entama son grand air avec un éclat qui devait