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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

ses manières, à son doux maintien et surtout à un air de mélancolie véritable empreinte ce soir-là sur ses traits, il était facile de voir qu’elle n’était point de cette cour… Les vieux seigneurs l’avaient remarquée dès son apparition dans la salle, les plus jeunes lui avaient offert galamment leur place.

À côté d’elle, Maurice de Langey recueillait avidement les doux murmures s’élevant de toutes parts sur sa beauté. Il s’applaudissait d’avoir avoué cet amour à sa mère. Depuis cette aventure funeste du bal de l’Opéra, aventure qu’Agathe ne lui avait confiée qu’en lui taisant le nom du masque son libérateur, Maurice de Langey s’était résolu à tout risquer… Ce fut donc à sa mère qu’il s’adressa ; il s’attendait d’abord à la voir se récrier comme M. de Boullogne ; il lui fit le plus vif portrait de la tyrannie de Mme de Montesson, de l’esclavage injuste de Mlle de La Haye et des espérances de fortune qu’on voulait lui enlever… Depuis la scène du labyrinthe à Saint-Assise, Mme de Langey nourrissait contre la marquise l’espoir d’une revanche ; l’occasion était trop belle, pour la perdre. Elle s’en fut la trouver et lui déclara l’amour du jeune marquis pour sa cousine. Le marquis de Langey avait désiré la place de capitaine des chasses, il ne l’avait pas obtenue : il s’en vengerait noblement, au dire de Mme de Langey, en épousant une fille sans fortune… Cette confidence fit récrier la marquise de Montesson ; elle se hâta de dire que lors même que le procès ne serait pas jugé, le marquis, son fils, pouvait épouser Mlle Agathe. Elle s’offrit elle-même à faire les démarches nécessaires pour