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LE FOUET.

Mme de Montesson parut. Son costume excita quelques rires sous l’éventail ; sa voix, qui était trop faible pour un rôle d’opéra, devait évidemment la faire échouer. L’excessive politesse de l’assemblée l’accueillit ; mais elle ne put se dissimuler que Mme de Genlis et M. de Clermont (depuis ambassadeur de Naples) avaient tous les honneurs de l’opéra.

Le chevalier venait de se placer à côté du duc de Chartres et de M. de Genlis ; il avait un rôle d’auditeur enthousiaste à jouer dans cette soirée, et, il faut le dire, la nouvelle du prochain mariage de Mlle de La Haye l’avait tellement stupéfié qu’il le remplit fort mal.

Son attention ne fut pas même partagée entre le spectacle et la vue d’Agathe ; elle se concentra entièrement sur la jeune fille…

Placé à l’un des angles de l’orchestre, qui permettait de voir à la fois le théâtre et les spectateurs, Saint-Georges, encore atterré du coup fatal qu’il venait de recevoir, la regardait dans une agitation de pensées difficile à décrire…

Introduite dans cette société brillante qu’elle avait longtemps rêvée, la délicieuse enfant la contemplait alors dans un étonnement naïf ; elle avait l’air de toucher elle-même timidement les ombres flottantes de quelque féerie splendide. Sa beauté rayonnante n’avait pas eu besoin de recourir à des artifices coquets de toilette ; elle ne portait pas, comme Mme de Langey, des girandoles magnifiques de diamans, des rubis au doigt et des rivières de pierreries sur la gorge. À la brillante fraîcheur de son visage, à la grâce de