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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

jours si je le connais, dit à voix basse La Boëssière au chevalier. Il n’est pas venu dans un carrosse de place, celui-là, comme la chevalière d’Éon, mais sur ses jambes. Si la conversation ne vous coûte pas plus avec lui qu’avec le charmant adversaire que vous quittez…

— Vous aurait-il parlé ? reprit vivement Saint-Georges.

— Non, mais on a des yeux, et je dois vous dire, chevalier, qu’à dater de ce jour me voilà convaincu que la d’Éon est une femme… Suffit, je ne divulguerai point votre bonne fortune… Je vous laisse avec ce démon, et vous souhaite avec lui beaucoup de plaisir. Voici l’heure de me rendre chez le comte Dolcy, qui part demain, et, comme il doit régler mon compte…

— C’est bien, je vous dirai demain les détails de l’entrevue. Dites seulement à la mère Dick de nous apporter du punch.

Le professeur sortit, non sans jeter un regard au taciturne tireur que le ciel ou l’enfer envoyait au chevalier.

— C’est peut-être un piège, pensa-t-il, je vais dire à la mère Dick d’avoir l’œil sur eux tout en préparant le punch.

Cependant le nouveau venu, après les préliminaires du salut, ne tarda pas à se mettre sur la défensive. Au grand étonnement de Saint-Georges, il prit une garde acculée et se tint d’abord comme un chat, entièrement ployé sur lui-même. Sa pose pétillait de