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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

jeu, on lui opposa les trois professeurs dont nous venons de citer les noms et qui étaient les plus forts, principalement Donadieu. La Boëssière Tira avec lui et fut reçu à la seconde botte touchée, en exécution de l’article 10 des statuts de la compagnie.

Sa salle d’armes, située rue Saint-Honoré, vis-à-vis de l’Oratoire, réunissait alors les plus célèbres tireurs, MM. Pomard, Gauvin, gendarme de la garde ; de La Madeleine, gentilhomme polonais, et, beaucoup plus tard, MM. Morel, Bayard, Charlemagne, Contencin, Casimir Périer, etc., tous élèves distingués de La Boëssière.

Au rebours de quelques maîtres, qui s’obstinent à se faire les traits farouches, La Boëssière, nous l’avons dit, n’avait rien que de prévenant et d’agréable dans l’ensemble : c’était un homme jovial et spirituel qui se plaisait, suivant l’expression consacrée alors, à sacrifier aux Muses.

Il y a peu de maîtres d’armes à cette heure qui se piquent d’écrire des vers de société ; l’honorable professeur excellait dans cette partie ; il composait des odes, des épîtres familières et des chansons. En 1786, il publia un poëme sur la mort du prince de Brunswik, élégie qui lui fit beaucoup d’honneur.

La Boëssière apparaissait cette fois aux regards du chevalier dans tout l’accoutrement d’un tireur de bécassines, car il aimait passionnément la chasse.

— Je ne me suis pas donné seulement le temps de déboucler mes guêtres, chevalier. Vous le voyez, j’arrive aussi leste qu’Actéon… avant sa métamorphose !… Comme il y avait non-seulement pressé sur les deux.