Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

l’étaler ensuite complaisamment vers le haut des tempes.

— J’ai cru, monsieur le chevalier, que je n’arriverais jamais !… dit Bruno en débouchant plusieurs flacons dont il se versa voluptueusement l’essence dans les mains… Il n’est pas facile de marcher par les boues en bas de soie et en souliers plats ! Les rues qui avoisinent la vôtre sont pleines de peuple ; les carrosses roulent en tous sens…

— Et tu trouverais fort juste, faquin, que les perruquiers eussent carrosse ?…

— Je trouverais au moins fort juste que le coiffeur de M. de Saint-Georges n’allât point à pied…

— Le maraud a de l’esprit, siffla entre ses dents M. de Vannes. — Mais en effet, continua-t-il en s’approchant de la fenêtre, dont il écarta les rideaux, il n’y a que voitures et coureurs par votre rue, mon cher Saint-Georges. Si tout ce monde se porte à Vincennes… Vous allez me dire pour qui je dois parier décidément…

— Pour Bruno ou pour Jasmin, à votre choix, mon cher de Vannes ; ce sont les deux plus intrépides Mecklembourgeois que je connaisse… Un peu lourds au départ, mais ne se laissant pas dépasser…

— C’est vrai, dit Bruno, avec un mouvement de satisfaction ineffable…

— C’est vrai ! dit Jasmin avec un soupir de douleur…

« Pour ce qui est d’un service actif, reprit alors Jasmin, M. le chevalier a raison de me poser comme un vrai cheval de race. Je ne conteste pas à Bruno le ti-