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LA PETITE MAISON D’UN FINANCIER

construction de l’hôtel ; elle était en glaces depuis le parquet jusqu’au plafond. L’argenterie ciselée de M. Gachard n’en était pas non plus l’ornement le plus futile. Assouplie aux caprices voluptueux du maître, elle ne présentait partout à l’œil que nymphes dévoilées ou accroupies entre des roseaux d’argent, des salières à cannelures dignes de celles du roi d’Angleterre, formes variées, multiples, scintillantes de mille feux, aux bougies. L’hôtel de M. Gachard rivalisait enfin avec celui du successeur de Laurent David et de Jean Alaterre, de ce Nicolas Salzard qui prit possession du bail des fermes générales, et qui en avait signé le contrat avec le roi de France à la face de l’Europe.

Le duc de Chartres pouvait se croire encore au Palais-Royal !

Six autres domestiques, en belle livrée, se trouvaient déjà sur pied dans cette salle, éclairée par huit lustres de cristal de roche et par vingt-cinq miroirs à facettes, formant autant d’astres éblouissans. Les fauteuils, à crépines dorées, étaient d’étoffe perse, bleu de ciel rayé d’argent ; les rideaux, à fleurs et à paysages, venaient de la Chine.

Sur la table, si rapidement dressée, figuraient des poulardes de Rennes, des perdrix du Mans, des pâtés de Périgueux, du mouton de Ganges et des olives d’Espagne. Les poissons les plus beaux s’y montrèrent bientôt comme par miracle ; on eût dit qu’un vivier complaisant les fournissait au magicien du lieu.

Le vin de Champagne reposait dans de larges seaux