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LA PETITE MAISON D’UN FINANCIER

Tout d’un coup la vieille porte s’illumina comme par enchantement, et six beaux laquais armés de torches inondèrent les deux carrosses de leurs clartés.

— Bravo ! s’écria de Vannes en montrant à Genlis cette radieuse livrée. Nous soupons ce soir chez Plutus !

— Holà ! chevalier, reprit le duc de Chartres en mettant la tête hors la portière, venez donc nous dire le nom de ce beau masque qui seul d’entre nous tous garde le silence. À ses manchettes de point et à l’aisance de sa tournure ce ne peut être un espion de M. Lenoir !

M. de Vannes s’approcha du carrosse du duc de Chartres avec une frayeur dont il ne pouvait se rendre compte. Le masque inconnu était revêtu d’un long domino de satin noir ; il regarda le lieutenant et porta sa main à une petite rosette.

— Il a la rosette rouge, monseigneur, reprit de Vannes, c’est un des nôtres.

— C’est parbleu vrai, de Vannes, mais pourquoi ne dit-il rien ?

— C’est son secret, et vous seul, monseigneur avez le droit de le lui demander.

— Le vin du Gachard le fera parler. Ah ! ça reprit-il, vous voulez donc tous rester masqués ? C’est faire injure à notre hôte !

— Il faut être prudent, monseigneur, reprit M. de Genlis cette fille est peut-être de condition… Votre digne père, qui s’y entend, vous a recommandé d’être circonspect avec la noblesse.