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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

coffrets élégans en velours bleu de ciel doublé d’émail, des pâtes contenues dans des flacons transparens, le doux esprit des fleurs s’échappant des cassolettes entrouvertes, des brosses diverses en vernis-Martin, merveilleusement montées, des cachets exquis sortant de l’atelier de Jollifret le parfumeur, tel était le principal aspect de la toilette.

Sur le sopha, une garniture rayonnante de boutons de strass, le jabot de point d’Angleterre, l’habit de velours ponceau, les manchettes et l’épée de Tonkin ciselée d’or…

Pour la veste, elle était de satin blanc, avec des nids d’oiseaux brodés sur les poches ; la culotte de velours gris de perle, les bas de soie à coins d’or ; les souliers à talons rouges.

Sur un petit guéridon en bois de rose près du lit, on voyait des portraits entourés de diamans, dont un agréable se serait paré jusqu’au coude, des tabatières et plusieurs montres à chaînes guillochées…

Si bien qu’en pénétrant ce galant sanctuaire, on ne pouvait s’empêcher de s’écrier : « C’est un grand seigneur. »

M. de Vannes, dont l’uniforme assez mûr de lieutenant de dragons contrastait avec ce luxe, examinait la chambre avec un sentiment secret d’envie, quand le chevalier s’écria :

— Eh bien ! mon cher, direz-vous que je suis long à me lever ?

Il avait sauté du lit avec une prestesse incroyable et se développait à l’œil ébloui du lieutenant dans tout le majestueux relief de sa stature…