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IX.

Les endormeurs.

Le carosse de M. le marquis ! le carosse de Mme la comtesse ! le carosse de M. le président !
(L’Aboyeur de l’Opéra.)

Les bals de l’Opéra, qui sont bien morts de nos jours, brillaient alors de tout leur éclat.

Et d’abord les hommes s’y promenaient masqués comme les femmes, les princes du sang y coudoyaient les bourgeois.

Les gens sérieux n’y venaient point, et l’on n’y parlait pas politique.

Ce n’était que bruit et tumulte sous le vestibule illuminé, où retentissait par intervalles la voix enrouée de l’aboyeur.

Ce soir-là, le bal pouvait passer pour fort beau, car on y était écrasé……

Imaginez un flux et reflux de panaches, de robes, de dominos, d’habits de toutes couleurs, un colysée nocturne où s’étalent et se promènent plus de trois mille masques. Les seules gravures de Petrus Longhi, le Vénitien, pourraient en donner idée.

Ici des bacchantes échevelées, le thyrse en main,