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LE CAFÉ DES ARTS.

frondeur. Sans le crédit honorable et l’âge de ce vieillard, il n’eût point hésité à le rendre l’objet d’un combat même inégal, il préféra ne point s’apercevoir de ses sarcasmes.

En réfléchissant, il parvint même à se les expliquer. M. de Boullogne ne devait-il pas regarder sa nomination de capitaine des chasses comme un injurieux passe-droit fait à son fils bien-aimé Maurice de Langey ? Ce contradicteur étrange n’avait-il pas ses raisons et pouvait-il être autre chose que le pivot autour duquel s’agitaient ses ennemis ?

Le succès amène doucement celui qui l’obtient au pardon et à l’oubli des injures ; bientôt ces idées sombres firent place à l’enivrement du chevalier, qui ne pensa plus qu’à une chose, au bel uniforme qu’il allait se commander, au bruit que ferait cette nouvelle dans Versailles, aux jolies femmes qui ne manqueraient pas de l’en complimenter, aux amis et ennemis surgissant de toutes parts pour lui demander d’un commun accord des permis de chasse.

— Je me garderai bien, se dit-il à lui-même en souriant, d’imiter le capitaine des chasses du roi, le prince de Soubise…… N’a-t-il pas délégué à sa maîtresse, Mlle Guimard, le pouvoir d’accorder des permis de chasse dans les forêts royales à qui bon lui semble ? Il en est résulté dans les bois de Saint-Germain, de Versailles et de Marly, une foule de Vents, d’Amours, de Tritons et de Zéphyrs en guêtres de peau, tuant les faisans de Sa Majesté…… au profit des dames de l’Opéra !

À quelques éclairs produits sans doute par l’ex-