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LE LABYRINTHE.

faisait tenir son ombrelle par M. de Vannes, pendant que M. de Boullogne, dans la compagnie de M. de Thélusson, se promenait à pied par les jardins, dont quelques autres personnes graves, conseillers ou intendans de finance pour la plupart, admiraient la riche ordonnance.

La course rapide de Maurice rafraîchit sa tête brûlante ; il échappait aux inquiétudes de son âme par un exercice violent. Déterminé à conquérir sa place au milieu de tous ces gentilshommes, il s’excitait lui-même intérieurement à ne rien perdre de ses avantages ; il ne voulait plus revenir aux pieds d’Agathe sans une protection marquée à lui offrir : si elle entrait quelque jour dans ces dangereux salons du Palais-Royal, il serait du moins son introducteur, son soutien ! M. de Boullogne, qui l’aimait comme son fils, pourrait-il refuser la main de la cousine de Mme de Montesson au capitaine des chasses de M. le duc de Chartres ? Ne s’empresserait-il pas de faire rendre justice, à Mlle de La Haye, et quand il aurait vu cette enfant à la fois si belle et si triste, n’oublierait-il pas ses ambitieux projets ?

Une voix secrète encourageait Maurice dans cette subite réforme de lui-même…… L’aiguillon de la jalousie le déchirait. Il venait de voir un mulâtre lui apprendre par son exemple le chemin de la fortune : son mérite se sentait blessé ; que serait-ce si la fatalité amenait cet homme sur le chemin de son amour ? La seule gloire capable de tenter Maurice était, nous l’avons dit, cette puissance d’attraction qui amène vers nous les femmes, comme l’aimant se soumet