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LE LABYRINTHE.

fois ne manquèrent pas de prendre un autre cours en se comparant tacitement à quelques-uns d’eux ; Maurice s’avoua je ne sais quelle infériorité coupable. En effet, n’avait-il pas tout ce qu’il lui fallait pour briller ; et, comme une lampe qui ne brûlerait que pour elle, ne concentrait-il pas en lui-même sa lueur et son éclat ? Qu’avait-il fait jusque-là qui pût seulement provoquer le regard d’une femme, l’éblouir, l’intéresser ? Hormis son amour, qu’elle semblait n’accepter qu’avec froideur, qu’apportait-il de séduisant à Agathe ? Autour de lui ce n’était que chuchotemens amoureux à l’oreille de ces belles Dianes, auxquelles il ne manquait que le croissant argenté pour couronne à leurs cheveux ; ce n’était que grâce, esprit, tournois de phrases galantes. Les femmes écoutaient plutôt la figure aimable de ces causeurs que leurs paroles ; la science de la fatuité était devenue en leurs mains une arme perfectionnée, ils s’en servaient en victorieux accomplis. Comme il arrivait souvent que l’on donnât alors un régiment pour un bon mot, c’était à qui se ferait aventurier en fait de succès ; tout ce monde était ivre d’airs, et d’extravagances. Les plus insouciantes d’entre ces femmes leur souriaient complaisamment, encourageant elles-mêmes des conversations semées de pièges pour elles.

Devant ces esprits légers, si habiles en séductions, Maurice de Langey introduisit en idée la blanche forme d’Agathe ; il se demanda ce qu’elle deviendrait au milieu de ce bourdonnement de voix, au sein de ces roués élégans rompus aux sièges difficiles.

Tout d’un coup il vit Saint-Georges, et cette figure