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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

l’espérance !… En approchant de la voiture, il parut surpris de la trouver vide et de n’y point voir sa mère, la marquise de Langey.

— Elle a sans doute précédé monsieur le marquis à l’église, lui dit le valet de pied, car elle est sortie seule sur les trois heures, en nous disant de ne pas être inquiets, et qu’elle s’habillerait chez Mlle Agathe…

Quelque singulière que dût paraître cette explication au marquis, il s’en contenta et atteignit bien vite la porte de sa fiancée…

— Êtes-vous prête, Agathe ? s’écria l’heureux jeune homme en s’élançant dans la chambre… Vous le voyez, je vis !… je ne veux vivre que pour vous !…

Mais au lieu d’Agathe, il ne rencontra qu’un homme debout, le front appuyé dans ses deux mains sur le marbre même de la cheminée…

— Mon père ! s’écria-t-il, c’est vous !… seul ici !… Qu’est-il arrivé, mon Dieu ?…

M. de Boullogne lui présenta une lettre fermée d’un ample cachet noir.

— Morte ! poursuivit-il… oh ! cela n’est pas possible !…

— Morte ! pour vous du moins ! répondit le vieillard, oppressé par sa douleur.

Maurice lut la lettre, puis il retomba anéanti dans un fauteuil… Elle était ainsi conçue :

« Je vous fuis, Maurice, je vous fuis pour Dieu, le refuge des âmes faibles. Ne cherchez point à connaître le lieu de ma retraite, mes précautions pour vous la cacher sont bien prises. Adieu, soyez heu-