Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
AGATHE.

laquelle vous avez bien voulu m’offrir vous-mêmes votre intervention en tout ceci… Vous ne quitterez pas, je l’espère, vos rôles de témoins, car vous m’avez bien promis d’assister à mon mariage… L’heure avance, permettez que je vous quitte…

— Nous nous retirons, dirent-ils : aussi bien voici une voiture qui entre ici dans la cour… Nous vous attendrons à l’Oratoire, près de l’autel de la Vierge…

Le marquis prit congé d’eux et de M. de Boullogne, qui les reconduisit lui-même dans son carrosse jusqu’à la façade de l’Oratoire, rue Saint-Honoré.

Pendant ce temps, un valet de pied de la marquise de Langey était monté chez Maurice ; il lui annonça que la voiture de Mme sa mère l’attendait.

Le marquis de Langey venait de revêtir son uniforme tout neuf de colonel de chevau-légers, et il avait fort bon air sous cet habit. En se regardant aux glaces de l’hôtel Boullogne, il songea qu’Agathe ferait un charmant effet en arrivant avec lui inspecter son régiment de Dauphiné. Maurice de Langey ne pouvait se dissimuler qu’il était l’un des privilégiés de M. le comte de Brienne, ministre de la guerre ; maître présomptueux de l’avenir, il se promettait bien de devenir un jour lieutenant général et grand’croix de l’ordre de Saint-Louis. Le seul nom de son père, le noble marquis de Langey, ne pouvait manquer de lui donner du relief et de l’ancrer dans l’armée. Il se voyait retiré, sur la fin de ses jours, dans quelque manoir de la Bretagne dont Agathe de La Haye deviendrait la châtelaine. Ces idées lui avaient fait oublier insensiblement son rival ; il se sentait renaître à la vie, à