Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

mis triompheraient les premiers de cet aveu qui ferait votre triomphe ! Parlez, qu’exigez-vous pour le bonheur de Noëmi ? je l’accomplirai. Ah ! elle sera bien vengée de son abandon, je le jure, par celui de cette femme qui n’a pas rougi de me tromper !… Je tiens de ce matin entre mes mains la preuve de ses perfidies… C’était votre ennemie, Saint-Georges, l’ennemie de votre mère… Eh bien ! je romps avec elle toute union projetée, c’est à l’avenir Noëmi seule que mes bienfaits iront chercher ! Dites, n’est-ce point là réparer mes torts, n’est-ce point mériter la grâce de Maurice ?

— Vous plaidez, vieillard, pour un enfant dont vous répudiez la mère !

— Cela est vrai, Saint-Georges, mais c’est mon sang, c’est ma vie…… Tu ne sais pas, toi, ce que c’est qu’un fils !

— Vous auriez dû me l’apprendre, monsieur ! reprit-il en serrant sa mère contre son sein.

Sous le poids de ce reproche, M. de Boullogne resta muet, ses genoux menacèrent de lui manquer… Un coup de marteau violemment frappé venait de retentir sous la porte de l’hôtel et prolongeait son écho sonore dans l’appartement…

— Ce sont eux ! s’écria le contrôleur général dans une ineffable angoisse ; ce sont eux, ils viennent vous dire que Maurice est prêt, prêt à se faire égorger ! ne les entendez-vous pas ? Avant qu’ils n’entrent, monsieur, voyez-moi, moi qui vous parlais debout tout à l’heure, embrasser vos mains… vos genoux… j’y resterai, Saint-Georges, jusqu’à ce que vous