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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

insinuer que l’Hélène de ce débat avait pu avoir quelques complaisances pour le chevalier, comme Mmes telles et telles, que L’auteur nommait effrontément.

Ces mensonges écrits sous le manteau rallumèrent dans le cœur du chevalier le feu de la vengeance, qu’il y croyait assoupi… Si son nom passait pour la première fois par tant de bouches ennemies, si la malignité devait à l’avenir épier ses démarches et lui contester jusqu’à son nom, n’était-ce point Maurice qui déchaînait sur sa tête ces périls et ces orages ? La jalousie injuste de ce jeune homme avait osé ébranler son piédestal pour le remettre en doute vis-à-vis de sa société ; les seules conséquences de ce fait inouï étaient immenses pour Saint-Georges ! L’opiniâtreté de Maurice lui revint à la mémoire. Maurice avait refusé de lui faire des excuses sans doute parce qu’il le croyait un de ces hommes que l’on ne peut plus outrager ; il semblait même impatient de se mesurer avec lui. Peut-être en ce moment répétait-il devant Agathe ses hautaines imprécations contre le mulâtre ! Parce qu’il avait joué jusque-là un jeu de dupe vis-à-vis de ce créole, qu’il était né son esclave, s’ensuivait-il qu’il dût le laisser porter le trouble et la honte dans sa vie ? N’était-ce point assez qu’il fût le fils de la marquise de Langey pour que leurs épées se rencontrassent, et la publicité de cette injure n’exigeait-elle pas du sang ?

Le seul amour désespéré dont le chevalier écoutait les plaintes amères au fond de son cœur lui conseillait d’user de ce droit de l’offensé, la vengeance ! Quelques jours encore, et Agathe aurait uni sa destinée à