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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— Qu’est-ce donc que le talent, pensa-t-il, quand il n’y a chez lui ni pudeur ni probité ?

En cet instant même le bruit de quelques pétards annonçait le feu… Les spectateurs formèrent un cercle plus serré ; il se fit un grand silence… Un panache de gerbes radieuses ondoya de toutes parts : quatre mille têtes resplendirent. Parmi toutes ces femmes montées sur des chaises, Saint-Georges tremblait à tout moment d’entrevoir Agathe éclairée par ces météores d’une seconde, le bras appuyé sur l’épaule de Maurice… Les événemens de la nuit n’avaient laissé que des ombres confuses dans son esprit ; il avait dédaigné d’adresser même une plainte en règle à M. Lenoir, au sujet de l’attaque dont il était l’objet. Ce n’était qu’à grand’peine qu’il s’était décidé à confier son combat du lendemain à La Boëssière… Le digne maître d’armes se rengorgeait en songeant que Saint-Georges allait avoir une affaire à l’occasion de laquelle le public reparlerait de sa méthode oubliée.

— C’est qu’elle est divine, ma méthode ! Fabien[1] est un fou quand il soutient que je vieillis !…

» Ventre de biche ! ajoutait le brave homme en descendant de son banc de pierre avec toutes les pré-

    Georges, mais la critique lui reprocha d’être dépourvue d’invention. Les concertos composés par Saint-Georges eurent plus de succès que ses œuvres dramatiques ; pendant très-longtemps ils firent fureur. Plusieurs de ces concertos furent gravés sous le nom du fameux Jarnowitz ; aucun d’eux ne fut désavoué par ce grand maître.

  1. Célèbre maître d’armes.