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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

firent les inslrumens odieux de sa vengeance. Un nommé Desbrugnières, si renommé dans l’affaire du comte de Morangiès, et de Vannes lui-même, drapé dans un large manteau brun, les escortaient. Voilà par quel piège odieux la marquise avait cru détourner le péril qui menaçait les jours de son fils ! Jugeant avec raison M. de Vannes un homme assez lâche pour reculer devant le fer de Saint-Georges, elle l’avait chargé de sa tuerie.

— Maurice ne doit pas se compromettre avec un mulâtre, avait-elle pensé-, un mulâtre doit périr sous le bâton !

Elle avait passé la nuit debout, attendant avec des perplexités incroyables le retour de M. de Vannes. Le pas du capitaine produisit enfin un frôlement léger sur le tapis d’hermine qui couvrait le parquet de la chambre à coucher de la marquise. La figure de M. de Vannes était aussi pâle que la mort ; il n’eut que le temps d’apprendre à Mme de Langey le mauvais succès de cette attaque et de l’assurer que Saint-Georges ne leur avait échappé que par miracle…

— Je suis perdue ! s’écria Mme de Langey,

Elle retomba à moitié morte sur son fauteuil, en se tordant les mains dans un indicible désespoir…