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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

contre ? À chaque parole sortie de la bouche d’Agathe pour sa justification, Maurice, qui l’écoutait avidement, avait peine à contenir sa haine. Agathe, en avouant Saint-Georges pour son libérateur et en se plaisant à l’excuser, attisait imprudemment l’incendie…

— Lui, votre libérateur ! lui, ce mulâtre ! s’était écrié Maurice… voilà donc le secret de votre admiration pour cet homme ; voilà pourquoi vous me taisiez les suites de votre aventure ! il était écrit que ce démon, vomi par l’enfer, se dresserait partout devant moi. Oh ! malheur à lui, je le tuerai, fût-ce par fraude ; dussé-je en garder un éternel remords !

— Tuez-moi donc, marquis, murmura à son oreille une voix sourde qui glaça le sang au cœur de Maurice ; achevez ce que des misérables ont commencé !

Agathe s’évanouit, elle venait de voir Saint-Georges pousser la porte de sa chambre comme l’eût fait un fantôme… ses mains serraient encore le bâton avec lequel il venait de lutter contre ses lâches agresseurs… le sang tachait ses habits…

— Que venez-vous faire ici, monsieur, lui cria Maurice en reculant sous l’empire du même vertige qui avait saisi la jeune fille…… parlez, que vous a-t-on fait ? Il y a du sang à votre dentelle, aurait-on voulu vous assassiner dans la rue ?

Et comme Saint-Georges ne répondit pas :

— Vous ne pensez point, j’espère, reprit le jeune homme en le fixant, que ce fussent des gens apostés