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ÉPILOGUE.

Celui qui précédait leur bataillon était un nègre assez vieux, obèse, agrafé dans un uniforme étroit (celui de général français) et montant un cheval blanc richement caparaçonné. Sur les épaules grêles de ce chef improvisé dansait une paire énorme d’épaulettes ; la poignée de son sabre était ornée de pierreries. Deux mulâtres l’accompagnaient, comme aides de camp sans doute, car ils se tenaient fidèlement près de son cheval et faisaient partie de son poudreux état-major.

Du plus loin qu’il les aperçut, l’homme ôta son chapeau et éleva son mouchoir vers eux en signe de ralliement.

Puis après avoir sifflé trois fois et rassemblé à ce signal quelques compagnons qui s’élancèrent des fourrés, il se trouva en présence du général.

— C’est un renfort que je t’amène, senor, dit celui-ci en montrant sa troupe.

— Je le sais, répondit l’homme.

— Grâces soit rendues au comte de Marmelade ! Veut-il que ce soit lui ou moi qui harangue ces dignes gens ?

— Comme il y a ici des héros de tous les pays, reprit gravement le comte de Marmelade, et comme vous possédez plusieurs langues, j’aime mieux que ce soit vous !

Santa Maria purissima ! je m’en acquitterai aussi bien qu’un autre, général ! mais ne descendez-vous pas de cheval pour vous concerter quelques minutes avec votre ami ? Nous sommes ici dans un charmant endroit pour une halte ; ici, moi qui vous parle j’ai vu près de