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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

veau genre, il n’en avait pas moins paré tous les coups et désarmé son adversaire.

Le héros de tant de miraculeuses aventures était alors bien changé !

En ce moment il porta les yeux sur La Boëssière, et des larmes coulèrent de son visage défait.

— Quoi ! c’est vous, dit-il, mon digne professeur ! Vous venez visiter votre pauvre élève !

— Je viens vous demander, Saint-Georges, quel est votre médecin… Voilà une fiole de rhum de la Jamaïque qui ne devrait pas se trouver sur ce guéridon… Depuis quand guérit-on la fièvre avec le rhum ?

— Depuis que les médecins, La Boëssière, sont assez stupides pour ne voir jamais que les maux du corps, dit-il en attachant sur le maître d’armes de sombres regards. Est-ce que je puis mourir, moi ? Suis-je donc si faible ? voyez !

Il écarta les plis de sa couverture, et il laissa voir à La Boëssière un torse d’Hercule. Sa respiration était devenue plus tranquille…

— C’est donc de la tête que vous souffrez ? Que voulez-vous, mon pauvre Saint-Georges, les temps sont durs ; il faut être philosophe !… Tenez, moi qui vous parle, devant tout ce qu’il leur plaît de faire et d’inventer j’ai pris un grand parti : j’ai fermé momentanément ma salle d’armes. Je compose des chansons contre les états généraux pour me distraire ; c’est toujours ça…

— Et les nouvelles ?

— Mauvaises ; ne m’en parlez pas. Cependant je