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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

suit des yeux… Il vient de se laisser choir, le pauvre homme !

— Aussi de quoi s’avise-t-il ? pousser un traîneau à son âge ! il est aussi vieux qu’un triton de la pièce d’eau de Neptune !

— Dieu me pardonne, il pousse un traîneau vide ! dit M. de Narbonne ; le maître n’est pas encore arrivé, sans doute, car il semble le chercher partout avec des yeux inquiets… Vous verrez que ce sera ce fou de Jaucour ou bien Noailles… Ils auront déterré le traîneau et l’homme dans le magasin des Menus-Plaisirs de Versailles… Vous allez les voir entrer dans la lice, armés de toutes pièces et prêts à disputer le prix, même à Saint-Georges !…

— Bon le traîneau glisse vers l’angle du grand canal, les patineurs qui se croisent devant nous vont nous le faire perdre de vue… N’importe, nous reconnaîtrons toujours l’heiduque ; il n’y en a pas deux comme celui-là !

Le traîneau venait de disparaître en effet avec l’heiduque… Une seconde après, il repassa devant les beaux de la cour, dans les rangs desquels il n’y eut qu’un cri :

— Saint-Georges !

C’était bien en effet le chevalier qui occupait le traîneau ; l’heiduque, c’était bien Joseph Platon…

Saint-Georges avait loué pour ce jour-là un habit des plus magnifiques ; il avait soif de se retrouver devant la reine. En examinant de près la minutieuse toilette du chevalier, il était facile de se convaincre du soin qu’il y avait apporté.