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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

mis en œuvre par le duc d’Orléans, par ses émissaires et ses courriers, ne rencontra par bonheur dans l’armée de France qu’un petit nombre d’hommes assez vils pour se vendre à sa faction et avec eux les soldats dont la fidélité leur était confiée. M. de Vannes fut un de ces hommes. Joueur effréné, imbu des plus méprisables principes, il déshonorait sa lieutenance de dragons en affichant tous les vices qui peuvent égarer et pervertir. Digne à tous égards de devenir l’un de ces officiers jacobins, traîtres à leur devoir, à l’honneur et à leur roi, il s’était jeté avec plus de fureur que jamais dans le parti du duc d’Orléans, se flattant sans doute d’obtenir, par sa criminelle soumission, les premières places de l’armée. La froideur que Saint-Georges avait cru devoir lui témoigner depuis quelque temps lui avait paru une insulte suffisante pour qu’il s’appliquât de toutes ses forces à lui nuire. L’empoisonnement de Mme de Langey l’avait jeté d’ailleurs dans une sorte de haine contre Saint-Georges ; il le croyait ravi de la mort de cette femme, que le chevalier, en homme généreux, ne cherchait qu’à oublier.

Saint-Georges ne tarda pas à se voir instruit par La Boëssière des odieuses menées de M. de Vannes. Non-seulement cet homme avait abjuré son caractère de témoin, véritable sacerdoce de discrétion que l’on ne doit accepter qu’avec la ferme volonté de le remplir, mais il avait encore déposé en parlant de lui tout honneur et toute dignité militaire. Il avait insinué à diverses reprises qu’il préférait tenir l’épée à la salle d’armes qu’en champ clos, qu’il fuyait