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XXVIII.

L’idole abattue.

Te semel ac vidit, credidit esse senem.
(Martial.)

Il était parti chargé de portraits, de couronnes et de vers à sa louange ; les maîtres d’armes ses rivaux avaient essayé vainement de le faire périr d’indigestion ; les Anglaises lui avaient su gré de ses trois mois de séjour, pendant lesquels il n’avait pas manqué un seul bal.

La seule nomenclature des bonnes fortunes du chevalier remplirait autant de volumes que celles de Casanova, seulement Saint-Georges ne spéculait pas sur elles comme l’Italien ; bien au contraire, il était prodigue et fastueux avec les dames, et ce qui le prouve, c’est qu’après avoir obtenu les faveurs de plusieurs ladies, right hounourable, il revenait en France avec le seul argent d’un pari gagné au prince de Galles.

Ce pari de deux cents guinées consistait dans le fossé de Richemond à franchir. Saint-Georges, qui avait sauté déjà celui de la Muette, n’eut pas de peine à battre l’héritier présomptif de la couronne.

Il laissait donc à Londres une réputation aussi