Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
CALOMNIE.

contre le comte d’Artois dont on est fort content au Palais-Royal. Voilà ce qu’il me faut à l’heure qu’il est, de bonnes et solides exhortations pour les soldats de mon régiment, pour ceux des régimens du roi et pour ceux de Château-Vieux. Laclos et les deux Lameth répandront de leur côté à Metz plus de trois cent mille livres. Davigneau se charge des garnisons de Nancy et du régiment de Flandre. Tout ira bien, mais il faut du temps !

— Connais-tu cet enseigne qui a l’air de nous regarder en-dessous ? Il me semble avoir vu quelque part cette figure-là.

— Au diable l’enseigne ! reprit de Vannes ; j’ai bien d’autres choses en tête. Tu sauras d’abord que je ne dors plus depuis que je crains les indiscrétions de ces maîtres bâtonnistes qui ont si maladroitement attaqué le chevalier ; un de ces drôles ne m’a-t-il pas menacé par écrit de lui révéler notre équipée ?…

— Et quand cela serait, quelles preuves ? Le chevalier ne te croit-il pas son ami ? ne t’a-t-il pas prêté de l’argent dans l’occasion ?

— Prêté ?… c’est une figure… mais je lui ai emprunté, cela revient au même.

— Pour moi, c’est différent, il m’a cru toujours son ennemi, et, je dois l’avouer, le mulâtre ne se trompe pas. Mais nous sommes forts vis-à-vis de lui maintenant, nous tenons son secret entre nos mains. Quel secret ?

— Celui de sa dernière affaire avec le marquis de Langey ! Je me flatte que tu as répandu la Gazette des Gazettes ?…