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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

le neveu Mme Bertholet reconnut parmi eux MM. de Vannes et de La Morlière.

De Vannes prit brusquement un tabouret et s’assit rêveur à l’une des tables du café, où La Morlière se hâta de le rejoindre. La conversation ne tarda pas à s’établir mystérieusement entre eux.

— Eh bien, chevalier ?

— Eh bien ?

— Voilà une rafle qui nous met à sec : l’hôtel d’Angleterre nous porte malheur !

— Si tu avais suivi mes conseils, tu aurais plumé cet honnête Suédois que le sort t’a envoyé ! Le digne homme ignorait que l’hôtel d’Angleterre est un tripot, il aurait donné tête baissée dans nos lacs.

— Tu as raison heureusement que tout cela va finir, car dans six jours je rejoins mon corps.

— Je sais cela, et même le pourquoi.

— Je t’en défie bien.

— Trompe donc un pamphlétaire comme ton ami !… Tu rejoins ton corps parce que le duc l’y a chargé d’une petite mission anodine. Mon Dieu, oui, ne va pas faire le fin… tu iras prêcher l’insubordination et la discorde aux soldats, moyennant trois mille livres…

— Silence !

— Il n’y a pas de mal, puisque le prince le veut… Je suis orléaniste comme toi, mon cher ; mais entre nous, vois-tu, la poire n’est pas encore mûre…

— Je sais que c’est toi que le duc charge d’écrire et de rédiger les pamphlets. Tu en as déjà fait un