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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

lui avait fait presque autant de mal qu’à Maurice : un secret instinct lui disait que c’était celle d’Agathe. Elle n’eut pas de peine à s’en convaincre en voyant le chiffre qui s’y trouvait gravé.

— C’est une fort belle bague, ajouta-t-elle avec ironie, pour une bague de Saint-Malo !

Saint-Georges ne répondit pas. Il était agité de mille pensées ; la rage, l’indignation, le désir de la vengeance doublaient alors la vivacité de son regard. Il demanda brusquement à la marquise de quel droit elle l’avait empêché de châtier un insolent, un homme qui venait de l’injurier dans son salon même, sans qu’il eût donné le moindre motif à ses invectives.

— Je ne veux point justifier le marquis de Langey, répondit-elle froidement peut-être cependant trouverait-il de bonnes raisons pour appuyer cette insulte…

— Lesquelles ? reprit impérieusement Saint-Georges…

— Mais quand ce ne serait, chevalier, que la façon étrange avec laquelle vous regardiez sa femme pendant la soirée. Vous ne l’ignorez pas, Mlle Agathe de La Haye épouse le marquis !

Saint-Georges se contenta de se promener à pas pressés par la chambre… Mme de Montesson fut trompée dans son attente, elle espérait que le chevalier se justifierait.

— Vous gardez le silence, Saint-Georges ; vous ne voulez pas même me rassurer ; vous avez raison, vous n’y réussiriez pas. Croyez-vous donc continua-t-elle, que je n’aie pas tout vu ? Me prenez-vous pour une