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LA MAISON PÂLE.

La seule personne qui le servît avait pour nom Josépha. C’était une vieille Espagnole, revèche, assez semblable à la dame Léonarde de Gil-Blas ; elle était énorme d’embonpoint et taillée en boule comme un oranger des Tuileries ; elle raclait de la guitare et chantait des ballades dans sa cuisine ; mais, ce qui n’était pas moins curieux, c’est qu’elle persistait à croire qu’elle était née pour être grande dame et qu’elle ne parlait jamais aux gens de la rue…

Nous croyons avoir suffisamment expliqué, par le seul aspect de cette maison, l’invincible répugnance avec laquelle une femme y serait entrée… Ce fut pourtant là que Tio-Blas conduisit Mme de Langey, car cet homme c’était lui, et cette maison la sienne.

Seulement Tio-Blas n’y était pas connu sous ce nom, mais sous celui du comte de Cerda.

L’hidalgo, on le voit, avait repris enfin le dessus, Tio-Blas ne se souciant plus d’être bandit.

Aussi ces quelques hommes qui venaient le visiter à des heures nocturnes recherchaient-ils sa maison pour un autre but.

À cette époque, les intrigues révolutionnaires ourdies par les hommes de couleur contre Saint-Domingue avaient pour objet de combattre le parti des colons résidant en France ; parti jaloux à bon droit de ses prérogatives et dont l’hôtel Massiac devint plus tard le centre de ralliement. Dans ces premiers élémens de destruction imminente venaient se fondre les intrigues contre-révolutionnaires de l’Espagne et les intérêts mercantiles de l’Angleterre. L’une et l’autre de ces puissances avaient promis de fournir