Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

deux personnes éveillées dans les petits appartemens du Palais-Royal.

C’étaient Saint-Georges et Mme de Montesson.

À peine Maurice venait-il de jeter au chevalier ces insultantes paroles que le bras de la marquise était venu s’interposer entre le sien et celui de Saint-Georges ; elle-même avait entraîné ce dernier vers un cabinet dont elle referma la porte sur lui…

Parmi les nombreux spectateurs de cette scène, il ne s’en trouva pas un qui n’applaudît à ce mouvement de Mme de Montesson. C’était chez elle que cet éclat venait d’avoir lieu ; la force physique de Saint-Georges était encore doublée par son irritation ; il ne tenait qu’à lui d’écraser ce faible jeune homme. La marquise usait de ses droits de maîtresse de maison en le séparant de son agresseur.

Moins que tout autre le duc d’Orléans eût songé à désapprouver cette généreuse précaution ; il n’entrait pas dans l’esprit de son altesse d’en pénétrer le motif : d’ailleurs, le spectacle joint au concert avait déjà endormi réellement le prince, qui se contenta de recommander à la marquise les plus grands égards pour son prisonnier. Il regagna sa chambre appuyé sur le bras de M. de Durfort.

La marquise et Saint-Georges demeuraient donc seuls, Saint-Georges les lèvres encore agitées par la colère, la marquise fixant sur lui un regard pénétrant et inquiet.

Le chevalier ne se sentait guère disposé à rompre le premier ce froid silence ; il s’était assis devant la cheminée et se contentait de battre de temps à autre