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COROT (JEAN-BAPTISTE-CAMILLE) 20 — Eurydice blessée. En fuyant le long du fleuve les poursuites d'Aristée, fils d'Apollon, Eurydice vient d'être piquée au pied par un serpent caché dans l'herbe. Comprenant que les dieux l'abandonnent et que son heure est venue, au lendemain du jour où elle s'est donnée en justes noces à Orphée, elle s'est assise sur un tertre et elle attend la mort. Sa robe, d'un blanc gris, aux larges échancrures, laisse deviner la jeune et séduisante nudité qu'elle recèle. Eurydice a croisé sa jambe droite sur le genou gauche, et de ses mains elle comprime la blessure par où s'en va sa vie. Le visage est vu de profil à droite, la joue enveloppée d'ombre. A droite, une colline boisée dont le pied baigne dans le fleuve. A gauche, au sommet d'une pente douce, les colonnes d'un temple. Au fond, la vallée et le ciel où voltigent de chaudes blan- cheurs matinales. Cette œuvre est considérée comme une des plus belles figures du maître. La ligne en est aussi pure que l'expression en est vivante ; jamais les beaux vers d'Ovide et de Virgile, où l'épouse d'Orphée est immortalisée, n'ont rencontré d'inter- prétation à la fois plus élevée, plus poignante, plus poétique- ment réelle. "Signé'en bas, à gauche. Exposition Centennale ( 188g). Exposition du Centenaire de Corot (1895). Collection Doria. Toile. Haut., 60 cent.; larg., 45 cent.