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La décision des Sages proclama la simultanéité du ciel et de la terre, — c’est-à-dire l’alliance de la vie céleste et de la vie terrestre, — de la pratique de la vertu avec l’exercice de la piété ;

Et, rejetant des deux côtés l’exagération et l’absolu, recommanda la conciliation entre le salut temporel et la perfection spirituelle. (Haguiga U. S. Berachit, Rabba, sect, I.)

Toutefois, la doctrine de Hillel ayant peu après triomphé dans le pharisaïsme, il n’est pas douteux que, à l’époque de Jean-Baptiste et de Jésus, le royaume de Dieu signifiait — le règne d’un Messie ou d’un nouveau David, ayant établi sur cette terre un monde de justes et de doux, et ayant réalisé ainsi les temps messianiques prédits par Isaïe. (Isaïe, XI, 6.)


Talmud, Traité Betza ou Yom Tob, f° 16. Hippolyte Rodrigues. Le Roi des Juifs, chapitre II, pages 33, 34 et 35, traduction littérale.




VII


LES MIRACLES DE RABBI ÉLIÉZER


En ce même jour, rabbi Éliézer, ben Orcanaz (troisième siècle), répondit à toutes les questions qui lui étaient adressées.

Mais ses arguments ayant été trouvés inférieurs à ses prétentions, les docteurs présents condamnèrent ses réponses et refusèrent d’accepter ses conclusions.

Alors rabbi Éliézer leur dit : Ma doctrine est véritable, — et ce karoubier[1] placé près de nous va prouver à quel point mes conclusions sont justes.

Et le Talmud raconte qu’aussitôt le karoubier, obéissant à la voix d’Éliézer, se déracina tout seul et alla se planter cent coudées plus loin.

D’aucuns disent même quatre cents coudées plus loin.

Mais les rabbis, secouant la tête, répondirent : Le karoubier ne prouve rien.

Quoi ! s’écria Eliézer, vous résistez à un pareil témoin de ma

  1. De l’arabe kharoub, — arbre à feuilles persistantes, dont le fruit, en Égypte et en Syrie, sert de nourriture aux enfants et aux pauvres.