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Mais le grand Josué, de plus en plus sceptique,
Reprit plus vivement sa mordante critique :
« Ton pouvoir n’est qu’une imposture ;
Il n’est ni bateleur, ni prêtre égyptien
Qui n’ait ainsi que toi tourmenté la nature ;
Leurs miracles ne prouvaient rien.

Rabbi, n’as-tu pas lu dans le Deutéronome[1]
Que le Seigneur donna le libre arbitre à l’homme ;
Qu’il devait faire appel sans cesse à sa raison ;
C’est, pour nous en servir, qu’il nous en a fait don.

Que signifie alors cet arbre, cette source,
Que tu fais apparaître en ton enseignement ?
Et cette voix du ciel, ta dernière ressource,
Vaut-elle, à ton avis, un bon raisonnement ?

Ce sont des arguments, et non des phénomènes,
Qui peuvent nous convaincre et nous tirer d’erreur.
Il faut donc désormais, Rabbi, que tu t’abstiennes
De t’adresser aux sens pour séduire un docteur.

  1. Deutéronome, chap. XXX ; v. 11, 14, 19.