Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du corps humain n’excita une tendresse plus sensuelle. Un ravissement d’extase semble errer sur toutes les formes qu’ils modelèrent.

Ainsi s’explique l’incroyable différence qui sépare de l’art grec, le faux idéal académique.

Tandis que chez les Anciens la généralisation des lignes est une totalisation, une résultante de tous les détails, la simplification académique est un appauvrissement, une vide boursouflure.

Tandis que la vie anime et réchauffe les muscles palpitants des statues grecques, les poupées inconsistantes de l’art académique sont comme glacées par la mort.


Il se tut quelque temps, puis :


— Je vais vous confier un grand secret.

L’impression de vie réelle que nous venons d’éprouver devant cette Vénus, savez-vous par quoi elle est produite ?

Par la science du modelé.

Ces mots vous semblent une banalité, mais vous allez en mesurer toute l’importance.

La science du modelé me fut enseignée par un certain Constant qui travaillait dans l’atelier