Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

crasseux sur son corps en ruine. C’est sainte Madeleine retirée au désert et qui, chargée d’années, offre à Dieu les cruelles macérations auxquelles elle soumet son corps pour le punir des soins damnables qu’autrefois elle lui prodigua.

La farouche sincérité du maître florentin est telle qu’assurément celle de Rodin ne la surpasse pas. Mais d’ailleurs le sentiment des deux œuvres diffère. Tandis que la sainte Madeleine dans sa volonté de renonciation semble d’autant plus rayonnante de joie qu’elle se voit plus répugnante, la vieille Heaulmière est terrifiée de se trouver toute semblable à un cadavre.

La sculpture moderne est donc beaucoup plus tragique que l’ancienne.

Ayant pendant quelques moments contemplé en silence le merveilleux modèle d’horreur que j’avais sous les yeux :

— Maître, dis-je à mon hôte, nul n’admire plus que moi cette étonnante figure ; mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous faire connaître