Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nécessaire à la société. Il apprêtait les matériaux avec lesquels sont édifiées les demeures des hommes. Je le revois, mon bon vieux, sciant consciencieusement ses pierres de taille, hiver comme été, dans les chantiers en plein vent. C’était un rude ouvrier, comme il n’y en a plus guère.

Mais moi…, mais nous, quels services rendons-nous à nos semblables ? Nous sommes des jongleurs, des bateleurs, des personnages chimériques, qui amusons le public sur les places foraines. C’est à peine si l’on daigne s’intéresser à nos efforts. Peu de gens sont capables de les comprendre. Et je ne sais si nous sommes dignes de leur bienveillance, car le monde pourrait fort bien se passer de nous.


II


Là-dessus Rodin :


— J’imagine que notre Bourdelle ne pense pas un mot de ce qu’il dit. Pour moi, j’ai une opinion toute contraire à celle qu’il vient d’expri-