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lesquelles il avait reproduit sur le papier les divers rythmes du corps humain.

Les contours lancés d’un jet évoquaient la fougue ou l’abandon des mouvements, et son pouce, qui était revenu sur les traits pour les estomper, avait interprété par un très léger nuage le charme du modelé.

En me montrant ses dessins, il revoyait en esprit les modèles d’après lesquels il les avait exécutés et à tout moment il s’écriait :


— Oh ! les épaules de celle-là, quel ravissement ! C’est une courbe d’une parfaite beauté… Mon dessin est trop lourd !… J’ai bien essayé,… mais !… Tenez ! voici une seconde tentative d’après la même femme : cela se rapproche davantage,… et pourtant !

Et regardez la gorge de celle-ci : l’adorable élégance de ce renflement : c’est d’une grâce presque irréelle !

Et les hanches de cette autre : quelle merveilleuse ondulation ! Quel exquis enveloppement des muscles dans la suavité de la surface ! C’est à se prosterner devant !


Ses regards se perdaient dans la contemplation de