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au bel ouvrage de Colebrooke : Indian Algebra with mensuration, où se trouvent traduits avec une très-grande exactitude scientifique, et expliqués au moyen d’emprunts fort judicieux faits aux commentateurs indigènes, les traités authentiques de Bhâskara (xiie siècle) et de Brahmagoupta (viiie siècle), ce dernier un peu antérieur par conséquent à Al-Khârizmi. Ils n’auraient pu manquer de reconnaître, comme je l’ai fait moi-même, que les citations de Rosen, et en particulier celle qui concerne la résolution de l’équation trinôme du second degré, sont empruntées non pas au Traité d’Algèbre (Vîjagaṇita) de Bhâskara, mais à la Lîlâvatî, c’est-à-dire au Traité d’Arithmétique dédié à une femme[1] par cet auteur, traité qui ne devait, par conséquent, fournir qu’un procédé rapide, empirique, mécanique même si l’on veut, pour atteindre rapidement, arithmétiquement, à la solution de problèmes dont l’énoncé donnait lui-même l’équation à résoudre[2]. Dans le Vîja-gaṇita ils auraient rencontré, expliqués dans le plus grand détail, des procédés de préparation et de résolution de l’équation du second degré entièrement différents des procédés suivis par les

  1. Lîlâvatî, qui sert de titre au traité d’arithmétique de Bhâskara, veut dire « charmante ». Les énoncés de problèmes donnés dans cet ouvrage sont adressés tous à une femme à qui l’auteur prodigue les plus gracieuses épithètes dont le vocabulaire de la galanterie orientale est si riche.
  2. Tout ceci sera démontré plus loin lorsque j’étudierai ce procédé de résolution, afin de faire ressortir les notions d’une généralité étonnante que possédaient les mathématiciens indiens.