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apprécie les méthodes indiennes d’après les ouvrages d’Al-Khârizmi qui sont parvenus jusqu’à nous.

Ces savants, du reste, avaient été confirmes dans leur opinion par les notes dont Rosen a accompagné son édition, faite à Londres en 1831, de l’Algèbre de Mohammed ben Mouça. Dans ces notes en effet, il cite parfois, en sanscrit, des passages empruntés à l’Atchârya[1] Bhâskara, lesquels sont assez bien d’accord, ou du moins paraissent l’être[2], avec les doctrines et les procédés de l’auteur arabe. Ils ont cru sans doute, en voyant ces citations faites dans le langage original par Rosen, celui-ci au courant du système des Indiens, et ils ont accepté de confiance toutes ses assertions, qui se trouvaient d’accord, du reste, avec la tradition musulmane.

Il n’eût pourtant pas été difficile aux écrivains dont je parle de se faire une idée exacte des méthodes indiennes en se reportant tout simplement

    dans lesquelles ont été écrits plusieurs ouvrages contenant les documents originaux de la question, il a dû s’en rapporter au témoignage d’autrui, et les reproches que j’adresse à ses conseillers ne sauraient lui être adressés personnellement.

  1. On nomme habituellement cet auteur Bhâskarâtchârya, et c’est ainsi que Colebrooke le désigne dans son Algebra of the Hindoos. Mais âçârya आचार्य n’est qu’un titre honorifique qui signifie quelque chose comme « docteur », et il convient de débarrasser de cette finale encombrante le nom de notre personnage, qui devient bien plus coulant sous sa forme simple भास्कर Bhâskara.
  2. Je reprends plus loin une des citations de Rosen, celle qui concerne la résolution de l’équation trinôme du second degré, et je fais voir que, même dans le texte dont il s’agit, l’auteur emploie certaines expressions qui sont purement indiennes, nullement arabes.