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Arabes et particulièrement par Al-Khârizmi, leur maître à tous ; et en voyant ces mêmes procédés et les méthodes qui y conduisent se retrouver au moins en germe (le laconisme du texte ne permet pas d’y voir davantage, mais ce germe porte bien déjà tous les caractères spécifiques propres à le faire reconnaître) chez Brahmagoupta, ils auraient, je n’en doute pas, été convaincus comme moi que Mohammed ben Mouça Al-Khârizmi n’a nullement consigné dans son Traité d’algèbre le principe de la science mathématique telle que la possédaient ses contemporains de l’Inde, et nous pouvons même ajouter ses prédécesseurs, aujourd’hui que la publication par M. Kem d’un ouvrage d’Âryabhata (vie siècle)[1] nous donne le moyen de vérifier que

  1. Nous connaissons aujourd’hui très-exactement l’âge d’Âryabhata par le distique suivant inséré au chapitre iii de l’Âryabhaṭîyam.

    षष्ट्यब्दानां षष्टिर्यदा व्यतीतास्त्रय ? युगपादाः ।
    त्र्यधिका विंशतिरब्दास्तदेह मम जन्मनी ऽतीताः ॥१०॥


    Shasty-abdânâm shastir yadâ vyatîtâs trayaç ca yuga-pâdâh,
    Try-adhikâ vinçatir abdâs, tadé-ika mama janmano tîtâs.

    Quand soixante fois soixante ans
    Et trois yougas ont sonné, sans doutance
    J’ai pu compter vingt et trois ans
    xxxxDe ma propre existence.

    L’auteur était donc né en l’an 3600 — 23 = 3577 kali-youga. Or l’ère actuelle des Indiens, qui répond à l’an 78 de notre ère, a commencé, suivant Brahmagoupta cité par Colebrooke (Intro-