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Et dire que ce soir tout est calme et joyeux !
Le vaste ciel couchant fait flamboyer ses marbres ;
C’est l’été ; les amants s’en vont sous les grands arbres
Et l’adieu du soleil se prolonge en leurs yeux.

Il est là, le soleil, qui roule au crépuscule ;
On croirait voir flamber sur la mer un ponton ;
Et moi je suis tout seul, dans mon morne abandon,
À le voir s’écouler comme du sang qui brûle.

Et, s’harmonisant tous dans un accord pareil,
Les carillons du soir tombent des clochers proches,
Et l’on entend pleurer la tristesse des cloches
Sur la mort de mon Âme et la mort du soleil !