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Vous comprenez déjà qu’on ne peut pas mentir
À soi-même, à sa chair, à son cœur, à son Âme,
Et que des lèvres d’homme à vos lèvres de femme
Éperdument encor devront s’appesantir.

Votre belle jeunesse est pareille à la chambre
Dont on a clos la porte et fermé les volets,
Sans qu’ait pu le soleil allonger ses reflets
À travers l’épaisseur des rideaux couleur d’ambre.

La chambre où l’on a mis la Belle au bois dormant,
Où, pour s’apparier avec sa léthargie,
Les clavecins ont tu leurs rythmes d’élégie
Mais tantôt vont chanter pour le Prince Charmant.

Lors elle descendra de son lit de dentelle,
Ses pieds mêlant leurs lis aux roses du tapis,
Et ses yeux lui riront, ses grands yeux assoupis,
Car, tout en semblant morte, elle reste immortelle !