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poète a vraiment pris le ton de l’explorateur. Style sobre, émondé, administratif. Mais quel récit émouvant par les aventures, les rencontres, les dangers, l’imprévu incessant qui donne la sensation de quelqu’un d’invulnérable et qui aurait voyagé dans une autre planète !

Rimbaud méditait des coups plus hardis, une entreprise lucrative, enfin ! car ni la richesse ni le bonheur ne lui venaient. Il écrivait de là en 1885 : « Les années se passent, je mène une existence stupide ; je n’amasse pas de rentes, je n’arriverai jamais à ce que je voudrais dans ces pays ! » Tout, là-bas, lui apparut illusoire, vicié, mauvais, décevant : « À Obock, dit-il, la petite administration française s’occupe à banqueter et à licher